Particratie : fonctionnement et pouvoir des présidents

Observateurs et politologues décrivent de longue date la Belgique comme une particratie, c’est-à-dire un système dans lequel le pouvoir politique est accaparé par les partis au détriment des autres institutions représentatives1.

En Belgique, « les choix cruciaux sont davantage posés par les dirigeants de partis que par le Parlement », de sorte que « les parlementaires, et même les ministres, sont les exécutants de ce que les présidents de parti ont décidé »2. Autrement dit, la décision politique revient aux états-majors partisans plutôt qu’à l’assemblée élue : c’est un véritable gouvernement des partis.

Le rôle de l’électeur se limite en somme à désigner les rapports de force entre partis lors du scrutin, mais ce sont les partis qui, ensuite, négocient la formation du gouvernement et fixent le programme de législature3. Dans ce contexte, la marge de manœuvre des députés – en particulier de la majorité – est extrêmement réduite, car seule la discipline de vote garantit la stabilité de la coalition gouvernementale.

Le parlementaire belge est souvent perçu moins comme le représentant direct de son peuple que comme le délégué de son parti, chargé de suivre la ligne fixée par celui-ci4.

Le rôle central des présidents de parti

Cette particratie s’exprime surtout à travers la figure du président de parti, véritable pivot du système politique belge. Les présidents des principaux partis – bien qu’ils ne soient investis d’aucun mandat électif par la population en tant que tels – concentrent un pouvoir considérable5.

Comme le souligne un observateur, « en Belgique, je ne vois pas ce qui procure plus de pouvoir que la présidence d’un grand parti »6.

En effet, les présidents :

  • décident de la participation aux coalitions,
  • négocient les accords de gouvernement,
  • désignent les ministres issus de leur formation,
  • valident les listes électorales,
  • transmettent les consignes de vote aux parlementaires.

Leur influence s’étend aussi aux nominations dans la haute fonction publique et aux postes stratégiques des entreprises parapubliques via les cabinets ministériels et la politique des dépouilles.


  1. Dewachter, Wilfried. La particratie en Belgique. CRISP, Courrier hebdomadaire n°1706, 2001. 

  2. Delwit, Pascal. Les partis politiques en Belgique. Éditions de l’Université de Bruxelles, 2006. 

  3. Magnette, Paul. Le régime parlementaire en Belgique. In: Revue française de droit constitutionnel, 2003/2 (n° 54). 

  4. Reuchamps, Min et al. Les systèmes politiques en Belgique. Larcier, 2019. 

  5. Deschouwer, Kris. The Politics of Belgium. Palgrave Macmillan, 2012. 

  6. La Libre Belgique, éditorial du 5 décembre 2020.