Effets de la complexité sur la gouvernance
Le système fédéral belge, bien qu’adapté aux clivages internes du pays, présente plusieurs effets pervers liés à sa complexité croissante.
1. Coordination difficile
Avec plusieurs gouvernements (fédéral, régions, communautés), la coordination est un défi permanent :
- Risque de chevauchement de compétences,
- Nécessité de coopération constante (via le Comité de concertation),
- Apparition de conflits de compétence (tranchés par la Cour constitutionnelle).
Exemple : en 2020, 9 ministres étaient compétents en matière de santé, ce qui a compliqué la gestion de la pandémie COVID-19.
2. Gouvernance fragmentée
Chaque niveau de pouvoir développe ses propres politiques, avec peu de logique d’ensemble :
- Objectifs divergents (ex. politiques climatiques ou économiques),
- Duplications administratives,
- Perte d’efficience globale.
3. Lisibilité démocratique affaiblie
Pour le citoyen :
- Il est difficile d’identifier l’autorité compétente,
- Le partage des responsabilités favorise le blame game (rejet de la faute sur l’autre niveau),
- Il y a une perte de confiance dans la capacité des institutions à agir efficacement.
4. Coûts et inerties
- Multiplication des cabinets ministériels, administrations parallèles,
- Ralentissement des grandes réformes faute de consensus intergouvernemental,
- Fardeau budgétaire croissant (lié aussi au besoin de contenter chaque entité dans les accords).
5. Résistance au changement
Chaque modification du système nécessite un large consensus entre entités fédérées :
- Peu d’incitations à simplifier (chaque niveau tient à ses compétences),
- La logique de compromis perpétue les couches existantes,
- Réformer le système est en soi devenu un casse-tête.