Compromis : limites et effets pervers
Si le compromis est au cœur du fonctionnement politique belge, il n’est pas exempt de critiques. À force d’éviter les décisions tranchées, il tend parfois à ralentir, diluer ou détourner l’action publique.
1. Lenteur décisionnelle
La recherche permanente de consensus entraîne souvent :
- Négociations interminables, parfois nocturnes et opaques,
- Blocages récurrents, notamment lors de la formation des gouvernements (ex. : 541 jours en 2010–2011),
- Incapacité à répondre rapidement à des situations d’urgence.
2. Décisions « à minima »
Les compromis politiques belges sont souvent :
- Le plus petit dénominateur commun acceptable,
- Des textes volontairement ambigus, interprétables par chaque partie,
- Des accords édulcorés, qui repoussent les vrais choix (par ex. en matière climatique, institutionnelle, ou budgétaire).
3. Coût budgétaire du compromis
Pour « satisfaire tout le monde », les compromis mènent souvent à :
- Une duplication des structures (ministres, administrations, institutions),
- Des surcoûts institutionnels (ex. : 9 ministres de la santé en 2020),
- Un usage « pacificateur » de la dépense publique (« chacun pour soi, les finances pour tous »1).
4. Effets sur la lisibilité démocratique
- L’ambiguïté des textes alimente une confusion citoyenne,
- Le manque de transparence renforce la défiance,
- Le compromis est parfois vécu comme un arrangement entre élites, plutôt qu’un vrai débat démocratique.
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Delwit, Pascal. Les partis politiques en Belgique. Éditions de l’Université de Bruxelles, 2006. ↩