La citoyenneté : droits, variations et engagement

La citoyenneté, au sens classique, renvoie à l’appartenance à une collectivité politique — État, région, commune — qui reconnaît à ses membres des droits et des devoirs. Pour la comprendre, il faut distinguer :

  1. les droits octroyés ;
  2. les critères d’accès à ces droits ;
  3. la manière de les mettre en pratique.

Cette triple dimension (juridique, sociologique, morale) fait de la citoyenneté un concept évolutif mais central pour toute démocratie.


1. Trois grandes familles de droits

  1. Droits civils
    Liberté d’expression, de conscience, de réunion, droit à la vie privée ou encore liberté de circulation. Sans ces garde-fous, le débat public et l’épanouissement individuel seraient impossibles.

  2. Droits politiques
    Droit de vote, d’éligibilité, de pétition ou de référendum. Le suffrage universel est récent : en Belgique, les femmes votent depuis 1948 ; les jeunes de 18 ans, depuis 1981.

  3. Droits économiques et sociaux
    Sécurité sociale, accès à la santé, à l’éducation, revenu de remplacement, droit au bien-être. Ils donnent une épaisseur concrète au principe démocratique.


2. Des droits inégalement répartis

Résider quelque part ou posséder un passeport ne suffit pas toujours. Historiquement, la citoyenneté a été segmentée :

  • exclusions (esclaves, femmes dans l’Antiquité) ;
  • retraits pour les « indignes » ou bannis au Moyen Âge ;
  • restrictions censitaires ou raciales aux XIXᵉ-XXᵉ siècles.

Aujourd’hui encore, des critères d’âge (vote à la majorité), de statut (militaires en service, personnes condamnées) ou de résidence (délai minimal pour voter aux locales) créent des degrés de citoyenneté.


3. Nationalité, résidence et droits fondamentaux

  • Hier : citoyenneté = nationalité.
  • Aujourd’hui : deux mouvements brouillent l’équation.

3.1. Au niveau supranational

La citoyenneté de l’Union européenne (traité de Maastricht, 1992) confère à tout ressortissant d’un État membre le droit de circuler, travailler, voter et se présenter aux élections municipales et européennes dans l’ensemble de l’UE.

3.2. Au niveau national

Certains États, dont la Belgique, accordent un large éventail de droits civils et sociaux aux résidents étrangers stables, voire le vote local, privilégiant le critère de résidence sur celui de nationalité.

Droits de l’homme
Universels et inconditionnels (interdiction de la torture, droit à la dignité, etc.), ils protègent toute personne, citoyenne ou non.


4. La citoyenneté comme pratique et responsabilité

Le mot déborde le cadre juridique pour désigner l’usage actif des droits :

  • participer à un débat ;
  • signer une pétition ;
  • s’engager bénévolement ;
  • agir pour l’environnement (« citoyenneté écologique »).

Être citoyen renvoie alors à un comportement : prendre part à la vie collective et se soucier de l’intérêt général (« initiative citoyenne », « entreprise citoyenne », etc.).


5. Une notion dynamique

  • Élargissement continu : droit de vote (femmes, jeunes, étrangers), nouveaux droits (environnement sain, droits numériques).
  • Redéfinition des appartenances : double nationalité, résidence longue durée, citoyenneté supranationale.
  • Numérisation : e-administration, pétitions électroniques, mais aussi fracture numérique potentielle.
  • Défis globaux : urgence climatique, migrations, inégalités — une citoyenneté à la fois locale et planétaire.

Conclusion

Être citoyen, c’est bénéficier de droits pour vivre libre et digne, exercer ces droits pour contribuer aux affaires communes, et faire évoluer le cadre légal par l’engagement collectif.

On devient citoyen par le droit, on demeure citoyen par la participation quotidienne.

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