I. Carte d’identité du parc nucléaire belge
- 7 réacteurs nucléaires sur 2 sites principaux :
- Doel (près d’Anvers) : 4 réacteurs
- Tihange (près de Huy, en Wallonie) : 3 réacteurs
- Propriété majoritairement sous contrôle d’Electrabel (ENGIE) avec surveillance par l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN).
Longtemps perçue comme une source d’indépendance énergétique, l’infrastructure nucléaire belge est devenue un gouffre à risques, erreurs, mensonges et tensions géopolitiques.
II. Chronologie critique (non exhaustive)
1975–2000 : Confiance aveugle
- Mise en service progressive des 7 réacteurs.
- Prédominance du nucléaire dans le mix énergétique belge (~50%).
- Peu de transparence, contrôles internes confiés aux exploitants eux-mêmes jusqu’aux années 2000.
2012 : Fissures à Tihange et Doel
- Découverte de milliers de microfissures dans les cuves des réacteurs Tihange 2 et Doel 3.
- Initialement minimisées par Electrabel, révélées par la presse indépendante.
- Avis d’experts internationaux : absence de certitude sur l’origine ni sur la progression possible des fissures.
2014 : Sabotage de Doel 4
- Réacteur Doel 4 à l’arrêt brutal : vidange volontaire d’huile dans le circuit de la turbine.
- Dommages majeurs, arrêt prolongé.
- Enquête judiciaire ouverte… puis classée sans condamnation.
- Aucun suspect identifié. Accès à la salle technique non sécurisé au moment des faits.
Sabotage documenté. Responsabilités diluées. Alerte étouffée.
2015–2020 : Contestations citoyennes et tensions frontalières
- Mobilisations en Allemagne, aux Pays-Bas et au Luxembourg pour exiger l’arrêt de Tihange 2 et Doel 3.
- Déficience du plan d’évacuation en cas d’accident majeur dans la vallée de la Meuse.
- L’État belge maintient l’exploitation malgré les injonctions régionales et les avis scientifiques critiques.
III. Problèmes structurels et hypothèses sérieuses
1. Culture du secret
- L’AFCN est critiquée pour sa proximité avec Electrabel, son opacité et ses rapports lacunaires.
- Documents techniques souvent inaccessibles au public.
- La presse spécialisée est rarement conviée aux briefings.
2. Maintenance sous-traitée et précarisée
- De nombreuses opérations de sécurité sont déléguées à des entreprises sous-traitantes.
- Rotation élevée des équipes, manque de formation, logique de rentabilité vs sécurité.
3. Infrastructures vieillissantes
- Les centrales de Doel et Tihange ont dépassé leur durée de vie initiale (40 ans).
- Décisions de prolongation motivées par des enjeux politiques et énergétiques, non scientifiques.
4. Pénétration potentielle de groupes malveillants
- Des ingénieurs belges surveillés pour radicalisation islamiste ont eu accès à des sites sensibles (cf. enquête post-attentats de 2016).
- Inquiétudes exprimées par les États-Unis sur la sécurisation déficiente des sites nucléaires belges.
IV. Hypothèse centrale : une fausse maîtrise du risque
- La communication officielle repose sur un dogme : “Le nucléaire belge est sûr car surveillé.”
- Mais les faits montrent une accumulation de signaux faibles :
- Incidents techniques masqués
- Accès physiques mal contrôlés
- Enquêtes enterrées
- Experts évincés
- La dissimulation est devenue protocole, la normalisation de la défaillance un réflexe d’État.
V. Conséquences systémiques
- Perte de confiance publique dans l’État et ses agences de contrôle.
- Crédibilité énergétique ébranlée : retards de la transition, dépendance accrue au gaz.
- Tensions diplomatiques avec les pays voisins.
- Vulnérabilité stratégique majeure en cas de cyberattaque ou d’incident climatique extrême.
Le nucléaire belge n’est plus un symbole de puissance. C’est une équation à retardement.
VI. Conclusion : vers un Fukushima administratif ?
La Belgique n’a pas connu d’accident nucléaire majeur.
Mais elle cumule toutes les conditions préalables :
- Infrastructures vétustes
- Chaînes de responsabilités floues
- Contrôle citoyen inexistant
- Culture de l’entre-soi administratif
Le pire ne serait pas qu’il se produise. Le pire serait qu’on dise :
“Personne ne pouvait prévoir.”