I. 2020 : Effondrement contrôlé

> La pandémie COVID-19 révèle un État en suspension

  • Multiplication des structures de coordination : Comité de concertation, Conseil national de sécurité, task forces, interfédéralité bancale.
  • Le fédéralisme à l’absurde atteint son paroxysme :
    • 9 ministres de la santé
    • Communication contradictoire permanente
  • Les décisions sont prises en coulisses, sans débat parlementaire réel.
  • Sophie Wilmès, puis Alexander De Croo, gèrent via des “pouvoirs spéciaux”, en mode exécutif pur.

Plus de vision, plus de boussole, seulement des tableaux Excel et des “courbes à aplatir”.

II. 2021–2022 : Pacte de stabilité autoritaire

  • Gouvernement De Croo I (Vivaldi) : MR – PS – Open VLD – Vooruit – CD&V – Ecolo – Groen.
  • Coalition fragile, sans vision commune, mais fonctionnelle à court terme.
  • Priorités : relance, Green Deal, maintien de l’ordre social.
  • État de droit mis en pause discrète :
    • Prolongation des mesures d’exception
    • Surveillance numérique renforcée
    • Criminalisation croissante des mobilisations sociales

L’État ne protège plus : il préserve le système, même au prix du désaveu populaire.

III. 2022–2023 : Polarisation et anesthésie

  • Montée continue du PTB-PVDA à gauche, N-VA/Vlaams Belang à droite.
  • PS et MR s’enfoncent dans la gestion sans base militante.
  • Bruxelles devient un archipel sous tension :
    • Inégalités record
    • Criminalité visible
    • Urbanisme à deux vitesses
  • Médias officiels perdent leur emprise : explosion des podcasts, médias alternatifs, chaînes YouTube d’opinion.

La Belgique entre dans l’ère du post-journalisme et de la contre-vérité utile.

IV. 2023–2024 : Vers la rupture larvée ?

  • Le débat sur la réforme de l’État revient en force : 7e réforme prévue. Mais :
    • Aucun consensus
    • Méfiance généralisée
    • Refus citoyen de rejouer la comédie
  • Mobilisations climatiques, crise énergétique, grèves tournantes, émeutes localisées.
  • Des groupes communautaires locaux commencent à se structurer en réseaux autonomes (jardins solidaires, plateformes citoyennes, hébergements d’urgence, médias de quartier).

L’État central continue de parler en conférence de presse. Le réel se réorganise ailleurs.

V. Bilan transversal 2020–2024

Gouvernance :

  • Effacement de la souveraineté populaire.
  • Règne du technocratisme, des normes européennes, des cabinets ministériels verrouillés.

Société :

  • Hyperfragmentation : rupture générationnelle, communautaire, territoriale.
  • Retour du collectif en périphérie du système : squat, entraide, hacktivisme.

Institutions :

  • Plus d’idéologie, seulement de la maintenance.
  • Plus de débat, seulement des injonctions.

VI. Conclusion : fin de cycle, début de quelque chose d’autre

2020–2024 marque la consolidation d’un système sans adhésion.
L’État belge n’est pas mort, mais il a déserté le champ du symbolique, du commun, du politique.
Ce qui commence, ce n’est pas encore une révolution. C’est une migration invisible vers d’autres formes d’organisation collective.

La Belgique ne s’effondre pas. Elle s’évide.
Le pouvoir reste en place, mais la vie se déplace.

Updated: