Table des matières

Sommaire
  1. Pourquoi ouvrir un dossier « Violence » ?
  2. 1 · Une constante historique – Pourquoi la violence ne disparaît jamais ?
  3. 2 · Réduire ou réguler – Les stratégies de pacification
  4. 3 · Violence économique – Quand l’exploitation se fait sans fusil
  5. 4 · Violences de classes – Survie, domination, résistance
  6. 5 · Violence des élites – L’art de frapper sans se mouiller
  7. 1. Définition et typologie
    1. 1.1 Définition de référence (OMS)
    2. 1.2 Une typologie en trois sous-types
  8. 2. Ampleur du phénomène
    1. 2.1 À l’échelle mondiale
    2. 2.2 Focus Belgique
  9. 3. Facteurs de risque (cadre écologique)
  10. 4. Conséquences de la violence
  11. 5. Violence numérique et cyberviolence
  12. 6. Le coût économique de la violence
  13. Dans les 10 pays les plus touchés, la facture moyenne atteint 34 % du PIB.
  14. 7. Prévention, réponse et cadres juridiques
    1. 7.1 Approche de santé publique (OMS)
    2. 7.2 Instruments et plans d’action
    3. 7.3 Programmes probants
  15. 8. Ressources et lignes d’aide en Belgique
  16. 9. Points clés à retenir
    1. Pour aller plus loin

Violence : panorama général

Pourquoi ouvrir un dossier « Violence » ?

La violence accompagne l’humanité depuis ses origines : guerres, conquêtes, révoltes, mais aussi domination symbolique et contrainte économique.
Pourtant, nous n’en faisons jamais le tour : chaque époque invente ses formes de coercition, chaque société ses manières de la réguler, de la justifier… ou de la masquer.

Ce dossier propose une cartographie en cinq volets complémentaires :

  • la dimension historique : la violence comme moteur (et verrou) du changement ;
  • les dispositifs de régulation : comment États, normes et médiations tentent de la contenir ;
  • l’économie comme champ de force : dégradation invisible, guerre des prix, extraction des ressources ;
  • les logiques de classe : usage, légitimation ou rejet de la violence selon la position sociale ;
  • les stratégies des élites : violence structurelle et symbolique qui se rend imperceptible.

L’objectif ? Passer d’un regard moral (« bien/mal ») à une compréhension structurelle : voir comment la violence s’agrège, circule, se transforme, et pourquoi « l’éradiquer » relève plus du slogan que d’un horizon réaliste.


1 · Une constante historique – Pourquoi la violence ne disparaît jamais ?

Cette section remonte de la préhistoire aux guerres contemporaines :

  • violence comme outil de conquête et de formation des États ;
  • glissement du sacré au politique (sacrifice, justice royale, peine capitale) ;
  • passage d’une violence « hors-la-loi » à une violence monopolisée par la loi.

Lien: Une constante historique

2 · Réduire ou réguler – Les stratégies de pacification

On examine :

  • la construction des polices et des tribunaux ;
  • la médiation, la justice restaurative, la désescalade ;
  • les limites des modèles nordiques et des doctrines de « tolérance zéro ».
    Fil rouge : peut-on contenir la violence sans créer de nouvelles violences d’État ?

Lien: Réduire ou réguler ?

3 · Violence économique – Quand l’exploitation se fait sans fusil

Focus sur la violence structurelle : précarisation, endettement, dumping, pillage des ressources, externalités écologiques.
On suit le fil allant du capitalisme industriel aux plates-formes numériques : coercition par la contrainte matérielle plutôt que par la force physique.

Lien: Violence économique

4 · Violences de classes – Survie, domination, résistance

Ici, la violence est un langage social :

  • dans les quartiers précaires : l’hyper-réactivité pour protéger l’honneur ;
  • dans les milieux favorisés : l’exclusion symbolique et la violence « éducative » ;
  • rôles de la police, des médias, des tribunaux dans la gestion des conflagrations de classe.

Lien: Violences de classes

5 · Violence des élites – L’art de frapper sans se mouiller

Dernier chaînon : l’invisible.

  • violence légale : dérégulation, optimisation fiscale, inaction climatique ;
  • violence symbolique : langage, récit du mérite, production culturelle ;
  • réponse : dévoiler, délégitimer, désobéir.

Lien: Violence des élites


1. Définition et typologie

1.1 Définition de référence (OMS)

« L’usage intentionnel de la force physique ou du pouvoir, menacé ou effectif, contre soi-même, autrui, un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, la mort, des dommages psychologiques, un retard de développement ou des privations. »

1.2 Une typologie en trois sous-types

Sous-type Brève description Exemples courants
Violence auto-infligée Victime = auteur Tentative de suicide, automutilation
Violence interpersonnelle Entre individus Violence conjugale, maltraitance d’enfants, bagarres
Violence collective Groupe contre groupe Conflits armés, terrorisme, violences politiques

Le modèle de l’OMS distingue aussi quatre modes (physique, sexuelle, psychologique et privation) qui peuvent se combiner avec chacun des sous-types.


2. Ampleur du phénomène

2.1 À l’échelle mondiale

  • Décès liés aux violences : 1,25 million de morts par an (2023, OMS), soit près de 3 400 morts par jour.
  • Homicides : le taux mondial est retombé à 5,6 pour 100 000 habitants en 2022 après un pic à 5,8 en 2021.

2.2 Focus Belgique

  • Violences conjugales enregistrées : ~40 000 faits constatés par la police chaque année.
  • Violences sexuelles (enquête UN-MENAMAIS 2021) :
    • 78 % des femmes et 41 % des hommes déclarent avoir subi au moins une forme de violence « hands-off » (harcèlement sexuel verbal, en ligne, etc.).
    • 16 % des femmes ont déjà été victimes de viol.

3. Facteurs de risque (cadre écologique)

Niveau Facteurs aggravants typiques Exemple d’action préventive
Individuel Antécédents de maltraitance, consommation d’alcool/drogues, troubles mentaux Accès aux soins psychologiques, programmes de parentalité positive
Relationnel Conflits familiaux, compagnons violents, pairs délinquants Thérapie de couple, mentorat jeunesse
Communautaire Chômage élevé, trafic d’armes/drogues, absentéisme scolaire Développement socio-économique local, urbanisme favorable à la cohésion
Sociétal Inégalités, normes valorisant la domination, accès facile aux armes Lois sur les armes, campagnes de changement de normes

4. Conséquences de la violence

  • Santé physique : traumatismes, handicaps, maladies chroniques liées au stress.
  • Santé mentale : dépression, trouble de stress post-traumatique, idées suicidaires.
  • Impact socio-économique : absentéisme, perte de productivité, déscolarisation.
  • Transmission inter-générationnelle : l’exposition infantile accroît le risque de reproduire ou subir la violence à l’âge adulte.

5. Violence numérique et cyberviolence

  • Explosion des cyber-harcèlements, « revenge porn », et campagnes de haine en ligne.
  • Directive UE 2024/1385 : premier texte de droit européen spécifiquement consacré à la cyber-violence basée sur le genre, imposant des obligations de prévention et de prise en charge.

6. Le coût économique de la violence

  • 17,5 billions de dollars en 2022, soit 12,9 % du PIB mondial.
  • Dans les 10 pays les plus touchés, la facture moyenne atteint 34 % du PIB.

7. Prévention, réponse et cadres juridiques

7.1 Approche de santé publique (OMS)

  1. Définir le problème (données fiables).
  2. Identifier les causes et facteurs de risque.
  3. Tester les interventions efficaces.
  4. Diffuser et mettre à l’échelle ce qui fonctionne.

7.2 Instruments et plans d’action

  • Convention d’Istanbul (Conseil de l’Europe) : standard contraignant pour prévenir, protéger et poursuivre les violences faites aux femmes.
  • Plan d’Action National belge 2021-2025 : 5 axes, 220 mesures (prévention, protection, poursuites, données, gouvernance).
  • Initiatives locales : ordonnances d’éloignement immédiat, maisons d’écoute, campagnes « Tant qu’il le faudra ».

7.3 Programmes probants

Domaine Exemple Preuves d’efficacité
Petite enfance Visites à domicile de sages-femmes/infirmières Baisse des maltraitances et des hospitalisations
Écoles Programmes de compétences socio-émotionnelles Réduction du harcèlement de 15-25 %
Communautés Interventions « Cure Violence » type médiation de rue Jusqu’à –40 % d’homicides dans certains quartiers
Justice Tribunaux spécialisés « violence domestique » Taux de récidive plus faible que le système standard

8. Ressources et lignes d’aide en Belgique

Service Contact Remarques
Écoute Violences Conjugales 0800 / 30 030 Gratuit 24 h/24 – multilingue
Child Focus 116 000 Mineurs victimes ou exposés
Écoute Violences Sexuelles 0800 / 98 100 Orientations médicales & juridiques
Police d’urgence 101 Danger immédiat

9. Points clés à retenir

  • La violence n’est pas une fatalité ; elle répond à des déterminants identifiables et modifiables.
  • Les programmes préventifs précoces (petite enfance, école) offrent les meilleurs retours sur investissement.
  • Les données désagrégées (genre, âge, territoire) sont essentielles pour cibler les actions.
  • Les nouvelles technologies sont un double tranchant : vecteur de violences, mais aussi outil de repérage et de prévention.

Pour aller plus loin

  • OMS – Violence Prevention Alliance (fiches, guides méthodologiques).
  • UNODC – Global Study on Homicide 2023 (analyses régionales détaillées).
  • Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (IGVM) – rapports et statistiques belges.
  • Global Peace Index – tableaux de bord sur l’impact macro-économique de la violence.

“La paix n’est pas l’absence de conflit ; c’est la capacité de le gérer sans violence.”
— Nelson Mandela


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