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Sommaire
Lockheed Scandal
Focus sur le scandale du Lockheed Scandal (Japon, 1970s)
Le Lockheed Scandal est l’un des plus grands scandales de corruption du Japon, révélant des liens entre le gouvernement japonais et la société américaine Lockheed Corporation. Ce scandale a exposé des pratiques de corruption à haut niveau et a entraîné la chute du Premier ministre Kakuei Tanaka.
1. Contexte et rappel des faits
Dans les années 1970, la société américaine Lockheed Corporation, spécialisée dans l’aéronautique et la défense, cherche à vendre ses avions au Japon. Cependant, la concurrence est rude, notamment avec McDonnell Douglas qui tente d’imposer ses propres modèles.
Pour s’assurer d’obtenir des contrats, Lockheed met en place un système de corruption visant des responsables politiques et économiques japonais influents. L’objectif principal est de favoriser le choix de ses avions militaires et commerciaux, notamment le Lockheed L-1011 TriStar, auprès des compagnies aériennes japonaises et du gouvernement.
L’affaire éclate lorsqu’une enquête du Sénat américain sur les activités illégales de Lockheed révèle que la firme a versé des pots-de-vin à plusieurs gouvernements étrangers pour obtenir des contrats. Le Japon est l’un des pays concernés, avec des montants dépassant 1,8 milliard de yens (environ 12 millions de dollars à l’époque).
2. Mécanismes de corruption en jeu
Acteurs impliqués
- Lockheed Corporation : L’entreprise verse des pots-de-vin par l’intermédiaire de son président Carl Kotchian.
- Kakuei Tanaka : Premier ministre japonais au moment des faits, il est accusé d’avoir reçu 500 millions de yens (plus de 3 millions de dollars) pour influencer les décisions gouvernementales.
- Compagnie aérienne All Nippon Airways (ANA) : L’une des principales bénéficiaires des décisions favorables à Lockheed.
- Médiateurs et lobbyistes : Des intermédiaires ont servi de relais pour faire transiter les fonds, notamment via des hommes d’affaires influents.
Méthodes de corruption
- Versement d’argent direct aux hommes politiques pour garantir l’achat des avions Lockheed.
- Pression diplomatique et lobbying auprès du gouvernement japonais et des compagnies aériennes.
- Utilisation d’intermédiaires pour masquer l’origine des fonds et éviter les soupçons.
3. Réactions et conséquences judiciaires
Réactions immédiates
- Lorsque le scandale est dévoilé par le Sénat américain en 1976, un choc s’empare du Japon. L’opinion publique est scandalisée par l’ampleur de la corruption et par l’implication de son propre gouvernement.
- La presse et les partis d’opposition réclament des enquêtes et des sanctions.
- Le Premier ministre Kakuei Tanaka est contraint de démissionner, bien qu’il reste influent en coulisses.
Conséquences judiciaires
- 1976 : Une enquête japonaise est ouverte. Des perquisitions et des interrogatoires sont menés.
- 1976-1983 : Tanaka est arrêté en 1976, puis condamné en 1983 pour corruption et abus de pouvoir. Il est reconnu coupable mais fait appel.
- 1987 : La Cour suprême confirme la culpabilité de Tanaka, mais en raison de son âge avancé et de problèmes de santé, il n’effectuera jamais sa peine de prison.
- Autres condamnations : Plusieurs dirigeants de Lockheed et intermédiaires sont également poursuivis.
4. Conséquences politiques et institutionnelles
- Chute du Premier ministre Tanaka : Sa démission marque un tournant dans la politique japonaise et brise sa carrière.
- Crise de confiance dans la démocratie japonaise : L’affaire révèle des pratiques de corruption enracinées, fragilisant la crédibilité des institutions.
- Réformes anti-corruption : Après ce scandale, le Japon met en place des règles plus strictes sur le financement politique et les relations entre entreprises et gouvernement.
- Réputation de Lockheed affectée : L’entreprise est surveillée de près et sa stratégie de corruption est critiquée dans plusieurs pays.
5. Problématiques et enseignements
Le Lockheed Scandal illustre plusieurs problématiques majeures :
- L’influence des grandes entreprises sur la politique : Lockheed a montré comment une multinationale pouvait manipuler un gouvernement à travers des pots-de-vin.
- Les limites des contrôles démocratiques : Les institutions japonaises ont été incapables de détecter la corruption avant que les États-Unis ne révèlent l’affaire.
- Les risques de la diplomatie économique : Derrière les contrats internationaux se cachent parfois des pratiques illégales.
Ce scandale a marqué l’histoire politique du Japon et reste un cas d’école en matière de corruption et de lobbying d’entreprise.
Prochain focus : Le scandale du Watergate (1972-1974)
Ce scandale emblématique des États-Unis a mené à la première et unique démission d’un président américain, après la révélation d’un complot visant à espionner ses adversaires politiques.